Slashing : le 1er eldorado des pluriactifs ?

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Les français cumulent désormais les emplois par plaisir : c’est ce qui ressort de la tendance au slashing ces dernières années. Véritable phénomène, on l’observe actuellement en pleine expansion dans l’hexagone et dans d’autres pays.

Cette vie-là séduirait près d’un tiers des Français (29% selon un sondage Opinionway mené pour Horoquartz), mais essentiellement chez les moins de 30 ans. Venu tout droit des États-Unis encore une fois, le terme slashing fait peau neuve à « pluriactif ». Il désigne une personne jonglant entre plusieurs activités professionnelles. Le slash renvoie à la barre oblique qui nous permet de séparer les mots et par extension les emplois. On recense sa première utilisation dès 2007, par Marci Alboher, qui parlait de l’étudiant préparant son diplôme et cherchant à combler un manque pécuniaire avec plusieurs jobs.

Une quête de sens

Aujourd’hui en 2021, c’est déjà différent. Le slasheur est une personne en quête de sens qui souhaite redonner de la valeur à son travail en diversifiant son activité. Là est peut-être la différence avec un pluriactif « classique ». Il peut avoir la connotation plus négative de cumuler par obligation, de sorte à compléter son revenu et subvenir à ses besoins. Un slasheur est donc une personne entrepreneuse qui souhaite s’écarter des chemins rigides de l’emploi classique. Le métro-boulot-dodo du CDI stéréotypé n’y a pas sa place. On recense d’ailleurs une grande part de salariés dans ces pluriactifs. 

En France, sur plus de 4,5 millions de personnes concernées (suivant les dernières études de 2019), plus de 77% d’entre eux sont déjà salariés et choisissent un second métier dans un secteur d’activité différent du premier. Une grande partie d’entre eux seraient également auto-entrepreneurs. Il s’agit donc de s’éloigner de l’activité principale, soit pour vivre sa passion, soit pour décliner des compétences qui restent inexploitées au sein du premier métier (compétences artistiques, physiques, managériales etc.). 

Les autres motivations

D’une part, le slashing assure donc de garder un revenu stable et un emploi fixe, de l’autre c’est la possibilité de devenir patron et de monter son entreprise. C’est le plus souvent cette capacité à mener un projet personnel qui motive ces individus. La passion, l’envie de changement, le besoin de diversité… Les raisons peuvent être affectives, mais pas que. On retrouve ainsi les inspirations cognitives lorsque, par exemple, l’emploi principal a permis la rencontre de nombreuses personnes facilitant l’amorçage d’un projet (rencontre de clients, de partenaires, de fournisseurs etc.). Le moment est donc bien choisi pour élargir son activité et ainsi profiter d’un second revenu tout en gardant un filet de sécurité.

La sécurité est justement l’un des avantages principaux de cette pluriactivité. Un entrepreneur seul ne pourra pas profiter de cette bouée de sauvetage qu’est l’emploi premier si son projet échoue. Vérifier la viabilité de son auto-entreprise l’est bien plus facile quand le revenu principal est assuré. C’est donc une opportunité pour démarrer un nouveau morceau de vie tout en minimisant les risques.

Marielle Barbe, le slashing assumé au service de la flexibilité

La porte-parole de ce phénomène en France, c’est Marielle Barbe. Cette multi-entrepreneuse a même écrit un livre sur le sujet (Profession Slasheur, Marabout, 2017). Elle confiait à la plume de One Minute Project qu’elle ne savait jamais quoi répondre quand on lui demandait ce qu’elle faisait dans la vie. Après la lecture d’un article sur le slash, ce fut le déclic. Aujourd’hui complètement décomplexée, elle assimile ce nouveau mode de vie à un « coming-out professionnel ».



«  Ma vie a changé ce jour-là et je n’ai jamais autant travaillé que depuis que j’ai assumé. » – Marielle Barbe

Marielle est coache, formatrice, consultante, auteure… Son activité professionnelle se définit presque au jour le jour. Le refus de ne pas suivre un mono-emploi la caractérise de « serial entrepreneuse » comme elle aime le dire. Elle peut cumuler simultanément plusieurs métiers comme elle peut se consacrer à un seul d’entre eux à sa convenance. C’est par exemple ce qu’elle a choisi de faire pour l’écriture de son livre. Elle s’est cloisonnée chez elle durant 3 mois en ne s’autorisant que peu de sorties.

François, Flexbee My Lovely Jobs et slasheur

Parmi les talents de notre Ruche se trouve François, consultant en marketing, enseignant/formateur et père de famille. Ce slasheur invétéré jongle entre ses activités pour trouver le bon équilibre. Pratiquer une seule activité est ennuyeux et finit par lasser selon lui. C’est d’ailleurs pour quitter la routine classique qu’il a choisi de basculer dans la pluriactivité. 

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